dimanche 29 mai 2011

Manger des fruits et légumes contaminés par des pesticides pendant la grossesse réduira le QI de l’enfant



Trois nouvelles études retrouvent à nouveau un effet délétère des pesticides sur la santé humaine, et en particulier dans le cas de ces études sur la santé de l’enfant. En particulier, une exposition in utéro aux pesticides organophosphorés réduit le quotient intellectuel des enfants, évalué à 7 ans.

Des scientifiques américains retrouvent qu’une augmentation d’un facteur 10, du taux des pesticides organophosphorés dosés dans l’urine maternelle pendant la grossesse, entraine une réduction de 5,5 points du quotient intellectuel de l’enfant ayant atteint l’âge de 7 ans, en comparaison au quotient intellectuel des enfants dont la mère a les plus bas taux d’intoxication aux organophosphorés.

“Cette augmentation est substantielle, en particulier regardée au niveau d’une population” explique le Dr Brenda Eskenazi, professeur en épidémiologie à l’université de Berkeley qui a mené cette étude, “Cette différence signifie qu’un plus grand nombre d’enfants vont passer dans la catégorie de ceux ayant plus de difficultés à apprendre et à suivre le programme scolaire, dont beaucoup nécessiteront même des classes adaptées”.

Cette étude fait partie de 3 études publiées le même mois dans la revue médicale Environmental Health Perspectives. Les deux autres études ont évalués les conséquences de ces intoxications aux pesticides sur les populations urbaines de New York alors que l’étude du Dr Eskenazi a évalué des enfants vivant à Salinas, une région agricole proche de Monterey en Californie.

Les deux études menées à New York ont également évalué les répercussions de l’intoxication de la mère aux pesticides, sur le quotient intellectuel de l’enfant à l’âge de 7 ans. Les dosages de pesticides ont été réalisés pour l’une dans les urines maternelles, et pour l’autre directement sur le sang du cordon ombilical, sang qui irrigue l’enfant pendant tout son développement in utero. Dans cette dernière étude, le pesticide recherché était du chlorpyrifos (produit par Dow Chemical).

Le Chlopyrifos est un insecticide organophosphoré utilisé pour lutter contre les moustiques, les mouches, divers nuisibles dans les cultures par épandage sur le sol ou le feuillage, les nuisibles de maison et les larves aquatiques. Il sert aussi à lutter contre les ectoparasites chez l’agneau et les bêtes à cornes.

On le retrouvera donc dans les fruits et légumes, le sol, l’eau, et les viandes. Il a des effets neurotoxiques chez le fœtus et chez l’enfant même à des taux très bas. Des études récentes indiquent que les enfants exposés in utero au chlorpyrifos ont un risque accru de retard mental et de retard du développement moteur dès l’âge de 3 ans.

Il augmente également le risque de troubles envahissant du développement (TED), une dénomination caractérisant les troubles de l’enfant caractérisés par un déficit de la socialisation et de la communication tels que l’autisme, les syndrome de Rett, le syndrome désintégratif de l’enfance, le syndrome d’Asperger, et les trouble envahissant du développement non spécifié.






Une étude menée en 2010 a retrouvé que le chlopyrifos retrouvé à des concentrations élevées dans les urines maternelles multipliait par 10 le nombre d’enfants touché par le syndrome d’hyperactivité et d’inattention de l’enfant.

Les pesticides organophosphorés sont des pesticides neurotoxiques. Ils sont de puissants agents neurotoxiques qui agissent en inhibant l’action de l’acétylcholinestérase dans les cellules nerveuses. Ils représentent une des causes les plus fréquentes d’empoisonnement dans le monde entier et sont souvent utilisés intentionnellement à des fins de suicide dans les régions agricoles.



On les retrouve dans les Insecticides (malathion, parathion, diazinon, fenthion, dichlorvos, chlorpyriphos, éthion), les antihelmintiques (trichlorfon), les herbicides (le tribufos et le merphos sont des tricrésyl phosphates contenus dans des produits chimiques industriels). Mais ils sont également utilisés dans les gaz de combat tel que le gaz sarin, le soman, le tabun, le VX et les gaz lacrymogènes (echothiophate, isoflurophate).

“Il est très inhabituel de trouver trois essais cliniques qui apportent autant de preuves consistantes, Evaluer des enfants à l’âge de 7 ans, lorsque les enfants vont à l’école, permet d’obtenir des données cliniques de grandes qualités et très valides sur le plan méthodologique et des résultats sur la fonction cognitive de ces enfants.

L’étude du Pr Eskenazi a suivi 329 enfants vivant dans les environ de Monterey. Les femmes ayant participé à l’étude ont été incluses en 1999. Au cours de leur grossesse et après leur naissance, les enfants ont été régulièrement suivis, leur développement évalué ainsi que leur état de santé.






Au cours de la grossesse, des échantillons urinaires des mères étaient recueillis afin d’évaluer leur teneur en di alkyl phosphate, un métabolite urinaire des pesticides organophosphorés. Des dosages identiques étaient réalisés chez l’enfant à 6 mois et à 5 ans. Le quotient intellectuel de l’enfant a été évalué par le test de Wechsler à l’âge de 7 ans (The Wechsler Intelligence Scale for Children — Fourth Edition) : il évalue la compréhension verbale, le raisonnement, la mémoire et la rapidité de réflexion.

Les analyses montrent donc une baisse sensible du quotient intellectuel des enfants dont la maman a été intoxiquée par ces pesticides avec une répercussion sur l’ensemble des différents critères du test. Les résultats restent très significatif même en tenant compte des différents niveaux d’éducation des mères, des revenus financiers de la famille, ou de l’expositions au plomb, aux retardateurs de flamme ou de DDT. C’est essentiellement l’exposition in utéro qui est délétère pour l’enfant : un effet de l’exposition des enfants sur le test n’a pas été retrouvé dans cette étude en particulier, bien que d’autres études aient confirmé l’apparition de troubles lors de ce type d’exposition.






Les taux de métabolite des pesticides organophosphorés retrouvés chez les maman ne sont pas différents des taux retrouvés au niveau de la population générale, posant un véritable problème de santé publique dans tous les pays ou ces produits sont utilisés et où les produits agricoles contaminés par ces produits sont exportés.

Ces résultats sont donc applicables à toute la population et si beaucoup de personnes peuvent être contaminés lors de l’utilisation des pesticides autour des maisons et des écoles, les deux autres études, réalisées dans la ville de New York, montrent que le lien entre intoxication aux pesticides et QI ne peut pas être fait avec les pesticides répandus dans les champs mais bien avec les pesticides contaminant les produits de l’agriculture.



L’utilisation de pesticides à l’intérieur des logements peut aussi être un vecteur de contamination. Les scientifiques sont conscients que toutes les recommandations actuelles sont de manger des fruits et des légumes en plus grande quantité, pourtant cela expose au risque de contamination par les pesticides. Il est importants de peler les fruits et les légumes, de les laver auparavant voir de préférer des aliments issus de l’agriculture biologique, ou les pesticides n’auront pas été utilisés.


Encore une fois, les pouvoirs publiques et en particulier le ministère de la santé font défaut à protéger la population des pesticides qui se révèlent toxiques pour l’être humain et l’environnement. La France est le pays d’Europe qui consomme le plus de pesticides. Aucune étude de ce type n’a jamais été réalisée en France. Pourquoi?

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